Paris en ligne ou paris hippiques : les conséquences des récentes réformes pour les parieurs hippiques

Le secteur des paris hippiques est soumis à de profondes mutations face à la révolution numérique et aux réformes législatives. Les turfistes se retrouvent désormais partagés entre la tradition du pari mutuel et l’essor des plateformes en ligne. Les récentes évolutions réglementaires et fiscales en France visent à moderniser l’offre hippique, alors que la concurrence des paris sportifs sur internet s’intensifie.

Montée du pari en ligne et concurrence pour le PMU

Le numérique a profondément changé le paysage des jeux. L’ANJ rapporte que le marché en ligne a repris sa croissance en 2024. Le nombre de comptes joueurs actifs a grimpé à 5,7 millions (+11 % par rapport à 2023). Cette dynamique concerne essentiellement le pari sportif (+13 %) et le poker (+11 %) tandis que le pari hippique en ligne progresse plus modérément (+4 %). En 2024, le Produit Brut des Jeux (PBJ) reflète ces tendances : 1 759 millions d’euros pour le pari sportif en ligne, contre seulement 339 millions d’euros pour les paris hippiques en ligne (le PMU traditionnel réalisant 1 698 millions d’euros). Dans ce contexte, les parieurs hippiques utilisent aussi davantage d’outils en ligne pour s’informer.

Par exemple, la plateforme parifoot.com.cm (paris sportifs et jeux en ligne) diffuse en continu des scores, cotes attractives et résultats des rencontres. Ces services profitent aux amateurs de courses hippiques et de paris sportifs désireux de suivre la rencontre en temps réel.

Cette montée en ligne s’accompagne d’une pression publicitaire accrue. Le Conseil des prélèvements obligatoires note que 69 % des mises en paris sportifs sont désormais placées en ligne, contre seulement 20 % pour les paris hippiques. Durant la pandémie, les parieurs ont temporairement migré vers l’internet, mais une partie importante est revenue dans le circuit physique (PMU et hippodromes) une fois les restrictions levées. La pratique des paris hippiques demeure donc largement en circuit physique, même si le jeu en ligne prend progressivement sa place.

Nouveaux cadres législatifs et fiscaux

Les pouvoirs publics cherchent à adapter la filière hippique à son époque tout en assurant son autonomie financière. En février 2025, la loi de finances a autorisé pour la première fois depuis 1891 de nouvelles formes de paris hippiques. Le live betting (pari en temps réel) sur les courses et des paris mutuels sur des courses passées. Cette modernisation (validée par le Conseil constitutionnel) a pour but de diversifier les possibilités de jeu et les ressources de la filière.

Celle-ci contribue plus de 2,3 milliards d’euros au PIB national et finance l’ensemble de l’élevage et des courses (40 000 emplois autour de 233 hippodromes) sans coûter à l’État.

Sur le plan fiscal, les paris hippiques ont été au centre de vifs débats. Fin 2024, un amendement budgétaire proposait d’augmenter le taux de taxe sur le pari hippique (de 6,9 % à 7,5 %). Finalement, l’Assemblée nationale a écarté cette surtaxe pour le pari hippique et maintenu le taux inchangé dans la loi de finances 2025. Les turfistes ont un profil distinct de celui des parieurs sportifs car ils sont plus fidèles à leur pratique. Cependant, le nombre de joueurs hippiques reste minoritaire. Cette baisse signifie que la moitié des joueurs hippiques d’il y a dix ans a disparu.

Enjeux et perspectives pour les parieurs hippiques

Finalement, les réformes apportent à la fois opportunités et défis pour les turfistes. Elles modernisent l’offre sans alourdir la charge fiscale. l’introduction du live betting et des paris historiques enrichit le choix de jeu, et le maintien du taux fiscal sur le pari hippique protège le pouvoir d’achat des parieurs. Grâce à ces mesures, la filière renforce son attractivité tout en garantissant le financement de l’élevage et des courses. La filière hippique conserve son modèle économique autonome.

En revanche, la concurrence du pari sportif en ligne reste prégnante. Les parieurs hippiques demeurent une niche face au géant numérique. Les turfistes doivent composer avec une offre très différente de celle d’il y a dix ans. Entre retransmissions en direct, plateformes mobiles et promotions croisées, ils peuvent désormais parier à tout moment de la course. À long terme, le principal enjeu sera de préserver la santé économique de la filière (sans intervention budgétaire). Pour l’instant, le bilan est mitigé : les turfistes bénéficient d’une offre plus large, mais voient leurs habitudes traditionnelles bousculées.